Historienne
de formation, j’aime beaucoup parcourir la province (et le monde, bien
évidemment!) en quête de sites ayant accueilli des moments marquants de l’Histoire
ou qui sont des chefs-lieux d’une période de notre passé pour mieux ressentir
et comprendre ces pages d’Histoire. Confession : il arrive parfois que je
m’y ennuie parce que les lieux visités racontent une histoire entendue des
centaines de fois (bonjour la colonisation du Québec!).
Mais
cette fois-ci, ce ne fut absolument pas le cas! Surtout qu’en plus
d’approfondir mes connaissances, le site permet de profiter d’une agréable
randonnée. Laissez-moi donc vous présenter cet endroit si spécial : Les Forges du Saint-Maurice où se
mêlent Histoire du Québec et légendes faisant sortir le diable de l’enfer.
Le
prétexte de ma visite était tout trouvé : pouvoir me servir pour une
première fois cette année de ma carte découverte de Parcs Canada émise dans le
cadre du 150e du Canada qui offre un accès illimité et gratuit à nos
parcs nationaux et aux lieux historiques nationaux de partout au pays. Pour
commander la vôtre, c’est par ici.
Situé,
comme son nom l’indique, aux abords du Saint-Maurice à l’entrée de
Trois-Rivières (et à moins d’une heure de chez-moi, alors c’était parfait!), le
site était tout désigné pour une petite escapade. On connaît surtout la
Mauricie pour son Histoire liée de près à l’industrie des pâtes et papiers mais
beaucoup moins pour cette facette qui, pourtant, contribua grandement à l’essor
économique du Québec et c’est ce qui m’a fascinée.
Le
site fut fondé expressément pour accueillir la première entreprise sidérurgique
du pays. L’emplacement fut choisi parce qu’il pouvait fournir tout ce
qu’il fallait pour faire fonctionner les forges : le fer, le bois (pour
son charbon) et la pierre calcaire. Au cours de ses 153 ans d’existence,
l’endroit devint un village complètement autosuffisant qui compta jusqu’à 425
habitants : hommes, femmes et enfants. Et on imagine facilement le dur
labeur des habitants dans ces forges qui représentaient un enfer de bruit et de
chaleur, rien de moins.
La
balade débute par la visite de la grande maison, un superbe édifice datant de
1738 qui était le domicile du maître des forges mais qui servait aussi
d’entrepôt, de magasin général et de chapelle. Commencez votre visite en
assistant au petit spectacle multimédia qu’on y présente. Vous apprendrez
beaucoup dès le départ et vos nouvelles connaissances seront pratiques pour la
suite. Dans les caves de la maison, on a même reconstitué un ancien entrepôt
et on y présente les principales réalisations des forges. D'abord conçues pour
desservir les besoins militaires du pays et sa construction navale en
pleine effervescence, les forges fournirent aussi plusieurs produits utiles à
la vie des colons dont, notamment, les fameux poêles à bois.
Puis,
la randonnée extérieure commence à travers les vestiges archéologiques des
anciens bâtiments du village ce qui nous donne un bon aperçu de leur taille, de
leur proximité avec le lieu de travail des hommes, des gestes quotidiens des
habitants. On voit bien que la communauté était « tissée serrée ».
J’arrive
ensuite au haut fourneau, le cœur de l’entreprise, où était produite la fonte
et qui fonctionnait nuits et jours. Comme vous le remarquerez, certaines pièces
ont été reconstituées dont la cheminée et la roue à turbine qui fournissait,
par l’action de l’eau du ruisseau, l’énergie nécessaire au bon fonctionnement
de l’usine. Quand on entre à l’intérieur de la bâtisse, on imagine aisément le
sentiment d’étouffement qu’on devait ressentir. La chaleur et le bruit devaient
quasiment être insupportables à certains moments dans ces espaces restreints.
N’hésitez pas à demander aux gentils préposés d’activer la maquette si elle
n’est pas en fonction. Vous verrez alors toute l’action et le mouvement des
mécanismes qui faisaient rouler l’endroit. Vous pouvez aussi monter tout en
haut du fourneau extérieur pour avoir une vue sur tout le domaine.
On y retrouve également la machinerie qui était nécessaire au roulement de la fonderie |
À
ma sortie, je continue la randonnée en suivant le cours du ruisseau qui nous
amène d’abord à la forge haute, un ensemble de neuf vestiges témoignant de
l’évolution de l’atelier. Oui, il existe aussi une forge basse que je croiserai
plus tard, les deux forges ayant produit chacune des items spécifiques comme
l’expliquent les panneaux d’interprétation disséminés un peu partout sur le
site (utiles et intéressants!). Un peu plus loin dans le sentier, j’atteins les
restes du moulin érigé en 1846 qui servit de moulin à scie et à farine, selon
l’époque et les besoins du village.
Je
rejoins finalement la forge basse, près de la rivière, dont la cheminée a su
résister au temps. Je ne veux pas vous enlever le plaisir de la découvrir par
vous-mêmes mais, au détour du sentier, je suis restée impressionnée
d’apercevoir la structure quasi-indemne. Et la vue sur la rivière en contrebas
nous réconcilie avec le travail passé des forgerons.
Enfin,
tout au bout du sentier, on accède à la belle rivière Saint-Maurice et à la
fontaine du diable où brûle une source de gaz naturel à l’origine des fameuses
légendes qui entourent le mystère du site. Pendant votre parcours, vous aurez
eu la chance de les connaître et d’y croire… ou non! Ici, on prend un temps
d’arrêt pour admirer les flots du Saint-Maurice sur sa charmante petite plage.
Je ne suis pas retournée tout de suite vers la grande maison de l’entrée mais
j’ai préféré continuer mon chemin sur le sentier qui longe la rivière. Une très
agréable promenade avant de quitter l’enfer des temps jadis!
Informations
pratiques : Comptez environ 2 heures pour la visite complète du site
(bâtiments et randonnée). Des aires de pique-nique (couverts ou en nature) sont
disponibles pour y passer une chouette journée!
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