LENS ~ FRANCE
Tout ce que j’ai
appris à Lens
La
région des Hauts-de-France et moi, c’est une histoire d’amour particulière, chaque
fois inattendue, placée sous le signe des amitiés étonnantes contribuant
largement à mon plaisir d’y retourner. C’est aussi un apprentissage continuel
où j’apprends à connaître cette région du nord par ses villes où l’on va trop peu,
nous québécois, mais aussi par sa culture unique, par son Histoire fascinante
et par ses ambassadeurs toujours si accueillants. Comme lors de mon dernier
passage à Lille, tout a commencé par une invitation imprévue que je ne
pouvais refuser, celle d’aller voir Lens. D’abord parce qu’elle tournait
autour d’un événement où se retrouverait la principale raison de mon affection
pour la région : mon irremplaçable gang d’En France Aussi! Mais
aussi parce que je savais trop bien qu’il me restait tant à y découvrir. Voici
donc, dans le désordre, tout ce que j’ai appris à Lens…
Lens ?
C’est
tout à fait normal si vous vous demandez où se situe Lens. Non, vous ne manquez pas de culture géographique! Ici,
lorsqu’on pense au nord de la France, on ne songe pas nécessairement à Lens. Facilement
accessible pourtant, on peut rejoindre le cœur de cette petite ville d’un peu
plus de 30 000 habitants par train directement de Paris en une petite
heure seulement. L’endroit parfait pour sortir des sentiers battus!
Oh,
j’oubliais! Sachez que si on vous parle de Liévin,
il s’agit de la ville voisine, regroupée à Lens pour former l’agglomération Lens-Liévin qui s’étend sur
toute la plaine de Lens. Et si ça ne vous dit toujours rien, vous verrez plus
loin dans mon billet que vous connaissez cette région bien mieux que vous ne le
croyiez…
Il
faut aussi savoir qu’à la première guerre mondiale, la ville de Lens et une
bonne partie de la région furent complètement rasées par les Allemands…
Une histoire de corons
et de terrils
Oui,
c’est tout à fait normal si vous vous demandez ce qu’est un coron ou un terril!
C’est que le patrimoine minier est très présent à Lens et un peu moins
chez-nous. Tout ce pan de l’histoire du nord est absolument passionnant. J’aurais
continué pendant des heures à me faire raconter la vie des mineurs qui se
déroulaient derrière les portes et dans les petites cours de ces maisons à
l’architecture bien typique, souvent construites en bande, qu’on appelle les
corons. Et toutes les images préfabriquées qu’avait pu m’inspirer le
célèbre Germinal de Zola furent ici revues et corrigées.
Pour
une visite guidée des quartiers ouvriers que je recommande fortement,
informez-vous directement à l’office de tourisme de Lens-Liévin.
Ne me reste plus qu’à apprendre l’hymne des corons qui retentit bien haut dans
le stade adjacent de la mythique équipe de foot locale!
Les
Lensois vécurent longtemps du charbon et habitèrent autour des fosses où les
compagnies développèrent de véritables petites cités avec équipements
collectifs (églises, écoles, services de santé) et quartiers d’habitation. Le
bassin minier de la région est même inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Après la grande guerre et la destruction de la ville, plusieurs immigrants
polonais vinrent s’ajouter à cette main-d’œuvre ouvrière et laissent, encore
aujourd’hui, leur marque dans la région.
Vous
ne pouvez les rater. Ils parsèment le paysage de Lens de leur ombre intimement
liée au passé industriel de l’endroit. Lorsqu’on les aperçoit, on se demande
instantanément ce que la nature a bien pu créer ici et lorsqu’on sait, on se
questionne quand même! Même leur nom, on apprend à le prononcer. Il s’agit des terrils,
on le prononce terri (comme fusil ou outil) et ils sont bel et bien
l’œuvre des humains. Le lien avec le tourisme? C’est qu’ici, vous pouvez
grimper au sommet d’un des deux terrils jumeaux pour voir le bassin minier
autrement et on s’étonne dès lors de voir la nature reprendre ses droits sur
ces collines noires.
Un
terril est un amoncellement de résidus miniers accumulés au cours des
décennies. Les terrils jumeaux de la fosse 11-19, situés plus précisément à
Loos-en-Gohelle (à environ 3 km de Lens), sont les plus hauts d’Europe mais on
en compte jusqu’à 340 dans la région. À leur base, on visite aussi les
installations de l’ancien puits de mine, fermé en 1986 et devenu fleuron patrimonial
et classé monument historique.
Découvrir le Louvre à Lens
Vous
êtes parfaitement normaux si pour vous, le Louvre, ça se trouve à Paris! Mais à
Lens, vous apprendrez rapidement que le Louvre a un petit frère et qu’il se
trouve ici, le musée du Louvre-Lens. Inauguré en 2012 à
l’emplacement d’une ancienne fosse, épousant le paysage minier à merveille, il
est la fierté des habitants qui ont tous contribué, d’une manière ou d’une
autre, à la ferveur de sa candidature et, parallèlement, au renouveau de la
ville. On y conserve les trésors des caves du musée de Paris, loin des
soubresauts de la Seine et on y présente 200 chefs-d’œuvre provenant des
célèbres collections. La Galerie du temps, la salle de l’expo
permanente, où l’on remonte le temps à travers les millénaires artistiques, est
spectaculaire!
Jusqu’à
la fin du mois de mars, vous pourrez peut-être voir (circonstances
particulières obligent) l’exposition Kasimir Zgorecki qui suit le travail de
l’artiste photographiant la vie des émigrés polonais de l’entre-deux-guerres.
J’ai adoré! Et puis, jusqu’en juillet aura lieu l’expo Soleils Noirs où le noir
du charbon de la terre lensoise rencontre l’Art avec un grand A. Intriguant
n’est-ce pas ?
Apprendre à brasser
la bière à la brasserie Saint Germain
Je
confesse ici ne pas être une grande amatrice de bières. Mais lorsqu’on va dans
le nord, c’est quasi-impossible de ne pas en boire une pinte ou deux! À la brasserie Saint Germain, située
à Aix Noulette (ce que j’appellerais
banlieue de Lens en autant que Lens puisse avoir une banlieue), j’ai tout
appris sur le processus de fabrication de cet élixir. Des grandes cuves de
fermentation jusqu’à la mise en bouteilles de leur Gamme Page 24, cette petite brasserie artisanale, misant
prioritairement sur des ingrédients locaux, est l’endroit idéal pour s’imprégner
de cette tradition régionale en goûtant d’abord le houblon sucré et en
terminant par le produit fini. Et vous aurez, vous aussi, bien des questions en
passant devant le vieil alambic…
La légende dit qu’au XIIe siècle, Hildegarde
von Bingen, religieuse bénédictine devenue Sainte, ayant découvert les
propriétés aseptisantes du houblon, écrivit un traité sur la bière (déjà,
n’est-ce pas là une bonne raison d’être canonisée)?!? Toutefois, il semblerait
que la page consacrée aux grands secrets de sa fabrication ait mystérieusement
disparue. Et quelle était donc cette page? Et oui, la page numéro 24 (j’adore
cette histoire)!
Tourisme de mémoire à Notre-Dame de Lorette
Ça
reste tout à fait normal si vous n’avez jamais entendu parler du Mémorial 14-18 Notre-Dame-de-Lorette! Non, je ne parle pas ici d’un village du
Lac Saint-Jean ou d’une église de Wendake! Je parle d’une
colline, théâtre d’une triste histoire, celle de grandes batailles funestes
entre soldats français et allemands entre 1914 et 1918. Dispersé sur trois
sites, le mémorial est un lieu où l’on vient se recueillir, bien sûr mais aussi
se souvenir, rendre hommage et se rassembler, pour différentes raisons…
On se doit de débuter la visite par la
nécropole Notre-Dame-de-Lorette où 42000 soldats tombés au combat sont enterrés
au pied de la basilique, sans distinction de rang, de nationalité ou de
religion. L’image de ces nombreuses croix alignées est puissante. Ici, on a
droit à une grande page d’histoire méconnue pour nous mais à ne jamais oublier.
Vous poursuivrez la visite à l’Anneau de la
Mémoire, monument à l’architecture moderne et particulière où vous attend une
leçon de fraternité. Vous y trouverez assurément le nom d’un ancêtre ou d’un
possible cousin germain parmi les 580 000 mentions de soldats ayant versé
leur sang sur les terres de toute la région. Ici, le mémorial semble nous dire
qu’au fond, tous étaient frères d’armes et qu’on est tous égaux face à la mort.
C’était LA raison principale de
ce voyage de presse. Le vernissage des copines blogueuses Paule-Élise et
Hélène, les Deux Dames en Van,
au centre d’histoire du Mémorial Notre-Dame de Lorette. Elles nous proposent jusqu’au 17 mai l’expo Vest Pocket Memories.
NOTE: Vu la situation sanitaire mondiale engendrée par le COVID-19 en ce printemps 2020 (on s'en souviendra longtemps), l'expo sera prolongée et de retour dès la fin de ce confinement et c'est une excellente nouvelle! Et en attendant, vous pouvez même en avoir un aperçu virtuellement parlant, en cliquant ici!
NOTE: Vu la situation sanitaire mondiale engendrée par le COVID-19 en ce printemps 2020 (on s'en souviendra longtemps), l'expo sera prolongée et de retour dès la fin de ce confinement et c'est une excellente nouvelle! Et en attendant, vous pouvez même en avoir un aperçu virtuellement parlant, en cliquant ici!
Ici, leurs photos prises sur
les lieux de mémoire de la première guerre mondiale à travers toute l’Europe
avec leur appareil Kodak Vest Pocket datant de la même époque et largement
utilisé par les soldats au front, sont présentées dans un cadre absolument parfait.
Courrez-y!
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Crédit photo: Ines de Les Millet du 62 |
Ce que j’y ai appris? Que
l’amitié de chacune des personnes qui composent l’équipe En France Aussi, souvent à des milles les unes des autres
mais rassemblées par leur amour pour le pays (et la meilleure équipe du
monde), m’est précieuse. C’est toujours un grand plaisir de vous retrouver
et une fierté de vous représenter jusque chez-moi. Ici, la devise de Lens,
« le sens de l’essentiel », prend tout son sens, ne
trouvez-vous pas ?!?
![]() |
Crédit photo: Ines de Les Millet du 62 |
Au cœur des tranchées
à Vimy
C’est
tout à fait normal si vous ne… Oups… Ha non! Là, avouez que ça vous dit quelque
chose! C’est que l’on est presque en terres canadiennes ici! Qui plus est,
l’image du Mémorial national du Canada à Vimy vous est particulièrement familière. Allez, sortez un billet
de vingt dollars de votre poche pour voir! Il est grandiose ce mémorial et
trône sur la crête de Vimy, visible à des lieux à la ronde. Le découvrir, comme
moi, sous un ciel gris, décuple même l’émotion ressentie lorsqu’on prend toute
la mesure de ces champs de bataille où se battirent des milliers de nos
soldats.
C’est
tout aussi émouvant de se transporter dans les tranchées et de descendre dans
les souterrains où se déroulèrent batailles et planification. On imagine bien
le courage des hommes mais aussi la peur et la panique qui devaient parfois
surgir des tréfonds de ces galeries. Voir la proximité des tranchées allemandes
et canadiennes nous fait visualiser avec grande surprise le défi qui attendait
ces hommes de guerre. En plus, ce sont des guides canadiens qui nous font faire
la visite et ils sont fort intéressants.
La bataille de la crête de Vimy s’est
déroulée en avril 1917. Pendant 4 jours, les soldats canadiens tentèrent de
reprendre la crête des mains des allemands avec succès. Le monument et les
lieux reboisés rendent hommage aux sacrifices faits par nos 66000 soldats morts
sur les champs de bataille français au cours de cette guerre.
INFOS PRATIQUE
On
dort où ?
L’Heure bleue :
Située à moins de 10 km de la gare de Lens, à Givenchy-en-Gohelle. Une ancienne
maison de ferme transformée en magnifique maison d’hôtes. J’ai trop bien dormi
dans le calme de l’un des grands gîtes proposés et les petits-déjeuners sont exquis!
Hôtel Louvre-Lens :
Ici, c’est chic et moderne et incroyablement surprenant lorsqu’on apprend que
l’hôtel est, en fait, d’anciens corons reconvertis. Parfait pour rayonner sur
toute la région!
On
mange où ?
La
Baraque à frites :
Après la bière, le nord est reconnu pour ses frites. On vient à la baraque
comme nous à la patate du coin. Mais ici, on apporte un grand saladier pour y
mettre ses frites et on y ajoute de la fricadelle.
À l’Potée d’Léandre :
Un estaminet bien sympathique aux saveurs régionales. Carbonnade ou
potjevleesch pour les carnivores, plats aux Maroilles pour les amateurs de
fromages, on sort d’ici bien repu!
Mets et Histoires :
Le nouveau-né de la région situé directement sur le site du Centre d’histoire
du Mémorial de Notre-Dame-de-Lorette. Un cadre idyllique avec vue sur la plaine
au loin. Une belle carte qui, tout comme le service, reste à peaufiner mais un
endroit qui promet.
Comme chez Babcia :
Parce que la culture polonaise est bien présente par ici, on s’en immerge
complètement dans ce restaurant familial à l’ambiance festive et on découvre
une cuisine authentique et copieuse. Avouez qu’une soupe aux cornichons et un
plat de bigos ça pique votre curiosité?
On
sort où ?
La Maison des Projets :
Nouvel endroit à la mode, c’est à la fois un café, un bar, un lieu de création
et de travail et une salle de concerts.
La Loco : Pour
un verre de fin de soirée, dans une atmosphère conviviale, c’est l’endroit
idéal.
Encore
plus de Lens ?
Évidemment, le site de l’Office de tourisme de Lens-Liévin par ici.
Et tous les articles des
copines présentes à ce fabuleux week-end à suivre sur la page du collectif En France Aussi par là!
Lens se
réinvente de belle façon depuis quelques années. On le sent et on le ressent
partout et la région nous offre tellement. Vous
passez en France dans les prochains mois ? Vous devriez penser à ajouter ce
coin de pays à votre itinéraire. On aime bien aller voir de plus près les lieux
importants des grandes guerres et Lens
devrait être pour vous un incontournable. Pour moi, ce fut la découverte
mémorable d’une page d’histoire passionnante et d’une culture diversifiée. Imaginez
lorsqu’en plus, on enveloppe tout ça de l’accueil typiquement chaleureux des
gens du nord!
Encore
mieux, vous savez quoi ? On m’avait presque fait peur avec le nord en février
et pourtant c’était une période parfaite, loin des foules (et bien moins froid qu’ici)! À cette chère Chacha, fille du pays et à ces toujours attachants Hauts-de-France,
je vous avais promis la première fois de revenir dans votre région un de ces
jours. J’ai tenu parole. Et je réitère ma promesse aujourd’hui!
J’ai été reçue
gracieusement pendant tout ce week-end par l’office de tourisme de Lens-Liévin et je l’en remercie infiniment. Florence et
Sarah (vous passerez leur dire bonjour) ont été d’une gentillesse dont je me
souviendrai longtemps. Les opinions émises ici restent toutefois fidèles à ma
pensée.
Direction Lille maintenant par ici pour
mieux explorer la région! Ou peut-être préférez-vous les premiers balbutiements
de mon dernier voyage au Portugal par là!
VOUS AIMEZ ? ÉPINGLEZ-MOI!
L'hymne des corons c'est : "Au nord, c'étaient les corons ; La terre c'était le charbon..." ? (pas taper pas taper !)
RépondreEffacerEt si Sainte Hildegarde von Binge a inventé la bière, assurément, sa sainte sainteté ne souffrirait d'être contestée !
Tu me la chantes en direct la prochaine fois ?!? :p
EffacerComme toi, j'ai été extraordinairement touchée par la chaleur, la convivialité, l'humanité puissante qui se dégage de cette ville et de cette région. La mine, le stade, le souvenir de la guerre, tout m'a beaucoup, beaucoup touchée.
RépondreEffacerLes Hauts-de-France me font cet effet à chaque fois que j'y vais! Cette région gagnerait tellement à être plus connue des canadiens.
Effacerc'est une région que je redécouvre en particulier avec #enfranceaussi et qui regorge de bonnes surprises!
RépondreEffacerJe ne me lasse pas de découvrir cette région qui me fait toujours un peu penser à mon pays!
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