Grande
amoureuse de plages, de soleil et de mer, j’avais rendez-vous avec toi, Marseille. Et depuis fort longtemps. Je
reportais sans cesse notre rencontre. Si j’avais su! Ça ne pouvait déboucher
que sur une belle grande histoire d’amour toi et moi. J’écris ces lignes alors
que je ne t’ai même pas encore quittée mais, déjà, je ressens cette tristesse
qui m’empoigne le cœur comme dans toutes ces bonnes vieilles histoires
sentimentales plutôt banales, qui semblent toujours un peu insurmontables. On
s’est apprivoisé, lentement, et ça nous a bien réussi.
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Vue sur le château d'If, célèbre prison du comte de Monte-Cristo sur l'île faisant partie de l'archipel du Frioul |
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Vallon des Auffes |
Amis
français, ne soyez pas offusqués, vous trouverez ici certainement bien des
clichés mais Marseille, je t’aime
d’amour et tous tes clichés, je les traînerai avec moi comme autant de
petits bonheurs lovés au creux de mon esprit. Tu m’as fait oublier les jours
dans ton pays, je ne les compte même plus. Je m’abreuve de toi autant que je le
peux. Du street-art du Panier au faste des mosaïques de la Bonne Mère, en
passant par tes rassemblements dominicaux sur la Canebière (et tes cornets de sardines frites!) ou
même la poésie de la dentelle de béton de ton musée tout neuf, tout
m’interpelle chez-toi. Tu mets tous mes sens en ébullition.
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Street Art du Panier, plus vieux quartier de Marseille |
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La Bonne Mère, veillant sur la ville |
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La richesse de l'intérieur de la Bonne Mère |
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Sardines frites sur la Canebière, principale artère de Marseille |
Marseille, tu
vibres de tout ton être et me fais vibrer avec toi. Tu réussis
même à me raviver le cœur et l’esprit, à m’inspirer, à me faire espérer le
meilleur, moi dont les histoires de cœur sont pourtant lamentables! Tu m’as
ouvert les bras entièrement, prête à me satisfaire, à m’offrir tous mes rêves,
ton temps et ton épaule, à écouter mes aspirations, les encourager aussi, à
simplement être là, tout près, toujours prête.
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Le Mucem, musée inauguré en 2013 |
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Le grand miroir du Vieux-Port! |
J’aime
tes couleurs, le bleu de ton ciel, le blanc de ton calcaire rocheux, le vert de
ta mer, l’orangé de tes toits de terre cuite au soleil couchant. J’aime ta
lumière, ton soleil bienveillant, ton accent chantant, le souffle du Mistral qui rend ta douce chaleur si
agréable. J’aime ton odeur saline près du Vieux-Port. J’aime ta diversité
millénaire qui s’accommode si bien et qui me réchauffe l’âme. J’aime tes
dizaines de langues entendues partout et que tu ne crains pas, que tu assumes
même fièrement. J’aime tes sons aussi, ceux du rap franco des ados à fond dans
leurs sonos (tu sens la rime musicale
écrite pour toi ici??!!) ou ceux du rythm n’ blues de cette terrasse qui
accompagnait si bien les verres de Bailey’s en fin de soirée! Tu es le monde Marseille, tu représentes
tous les bons vieux rêves de voyageurs, du plus snob jusqu'au moins fréquentable, le savais-tu?
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Calanque de Sugiton |
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Calanque de Sugiton vue de son belvédère |
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Balade dans le Panier de Marseille |
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Palais Longchamp |
Mais
je reste réaliste, je sens bien qu’il faut être fait fort pour faire partie de
ta vie. T’inquiète ma belle, je le suis. Je sais bien aussi que tes travers
qui, pour l’instant, me font rire, pourraient bien me hérisser à long terme.
Mais n’est-ce pas déjà comme ça dans toutes les histoires de couples? Ton insolence qui, autrement ou ailleurs,
me ferait perdre patience, me ravit ici. N’est-ce pas déjà bon signe pour
que ça fonctionne entre nous? Je n’essaierai même pas de te changer, je n’ai
jamais essayé avec quiconque d’ailleurs, j’accepterai tous tes défauts.
Promis,
je continuerai à rire de ton insouciance et à galérer certains jours (tu te souviens, 3 jours que ça m’a pris pour
trouver un bureau de poste ouvert à des heures normales de productivité!)
mais je suis ici chez-toi dans une atmosphère à des lieux de l’Amérique du
Nord. Promis, je rirai aussi de ta propension à gueuler pour tout et pour rien (mais à devenir complètement silencieuse à
l’épicerie lorsqu’il n’y a qu’une caisse ouverte et que la file d’attente
s’étire d’une trentaine de minutes!) car tu es bien difficile à prendre au
sérieux dans ces moments-là, avoue-le.
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Calanque de Callelongue |
Promis,
j’aimerai toujours tes impudeurs qui me siéent bien et qui permettent d’étaler
tes scènes de ménage torrides sur la rue à la vue de tous (oui, oui, jeune blonde peroxydée qui va jusqu’à stopper la circulation
à l’heure de pointe, c’est principalement à toi que je pense) ou de faire
régner encore et toujours la culture du monokini que je croyais tombée aux
oubliettes. Promis, je ne t’embêterai pas avec mon hiver et ton manque de
courage lorsque tu me répètes inlassablement qu’il ne fait tellement pas beau
cette année alors qu’on ne voit qu’un ou deux nuages dans la journée. Si tu
savais comme ta météo me comble! Promis, je t’accepterai malgré ton impatience
(salut, ami automobiliste pressé qui
s’escrime contre ce pauvre motocycliste. Elle était encore rouge, la lumière!)
et le vacarme de tes quartiers toujours présent. Tu es bruyante Marseille,
achalandée aussi mais bel et bien vivante.
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Calanque de Callelongue |
J’aime
par-dessus tout cette vie de mon quartier d’Endoume. Je ramène avec moi ces doux souvenirs de la terrasse de la
brasserie du coin où le serveur sait maintenant que je prends deux sucres avec
mon café le matin sans que je ne lui demande (tu vois Marseille, pour toi j’en suis même venue à apprécier le café,
même mes amis auraient du mal à y croire!), des chocolatines de la petite
pâtissière qui sont si chaudes et croustillantes dès mon réveil ou de la
ratatouille du traiteur à deux rues d’ici (et
de son jambon vendu à la tranche, en toute normalité, sans même lever les yeux
d’exaspération). Allez, je termine cette lettre d’adieu et je vais prendre
un dernier verre à la brasserie.
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Endoume |
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Mon café d'Endoume! |
Marseille,
je te quitte. Je ne te promets rien. À mon âge, on ne promet plus des retours
qui pourraient ne jamais venir! Mais Marseille, juste entre toi et moi, sache
que tu me sauves peut-être la vie. Je te quitte Marseille mais t’inquiète
putaing, je ne t’oublierai jamais. Marseille, je t’aime! xx
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Calanque de Sugiton |
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Vue sur Marseille prise du balcon de la Bonne Mère |
Encore un peu plus de lecture sur Marseille? Pourquoi ne pas tout apprendre sur son plat typique, la bouillabaisse, en cliquant juste ici!
VOUS AIMEZ? ÉPINGLEZ-MOI!
Sublime billet Annabelle <3
RépondreEffacerJ'ai rarement lu un article aussi doux et sincère sur une ville. Bravo !
Ho merci Mitchka! Ça me touche beaucoup! Mais Marseille est tellement inspirante! ;)
EffacerAh oui pas de doute. Tu es amoureuse!
RépondreEffacerHaha! À ma défense, elle est si belle et unique!
EffacerMais quel article magnifique !! Je vais le partager un peu partout!! Quelle belle déclaration!!
RépondreEffacerMerciii! Mais tout le crédit revient à Marseille!
EffacerQuelle magnifique déclaration d'amour à Marseille ! Je commrends tout à fait ton amour pour cette ville cette lettre j'aurais pu l'écrire ! ��
RépondreEffacerMerci d'être passée ici et de si bien me comprendre! ;)
EffacerMagnifique déclaration. Tu me donnerais presque envie d'aller visiter la ville.
RépondreEffacerBravo!
Presque??!! :p
EffacerJe ne pensais vraiment pas que ma ville t'avais tant bouleversée !
RépondreEffacerEt malgré tout mon amour pour cette ville, ma ville, je n'aurai jamais pu trouver des si jolis mots pour en parler. J'aurai certainement dévié sur sa violence au quotidien (je ne parle pas de celle des cités mais bien de la difficulté de vivre dans cette hyper grande ville, tellement mal gérée).
Ta ville, Olivia, m'a touchée au plus haut point! Et tu sais, Montréal n'est pas vraiment mieux gérée alors je pardonne peut-être plus facilement certains tords aux marseillais.
EffacerMais je n'avais jamais vu Marseille sous cet angle-là ! On ne nous montre que des banlieues chaudes et des règlements de compte de mafieux... c'est bien la première fois que je vois ces palais et ces ruelles paisibles. Superbe chronique !!
RépondreEffacerÉvidemment, en 3 semaines, je n'ai pas pu constater tout ce qui lui donne sa mauvaise réputation mais j'ai tellement aimé y vivre ces quelques semaines!
EffacerQuel bel article ! De toute beauté Annabelle, bravo pour ce moment de poésie pure aux couleurs éclatantes, je me suis régalée, alors même que je n'aime pas tellement Marseille !
RépondreEffacerJ'espère alors que je te l'aies fait voir d'un autre oeil!
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