La Haute-Gaspésie, de village en village
La Haute-Gaspésie, c’est une enfilade de
villages nichés au creux des anses, qui sentent bon l’air du large et qui se
dévoilent au détour des lacets de la fameuse route 132. C’est un territoire de
caps vertigineux qui semblent se perdre dans la mer. C’est le cri des goélands,
le souffle des baleines à l’horizon. Des plages de sable noir parsemées de
galets où on ne se lasse jamais de se balader. Le goût du saumon frais et
fondant sous la langue. C’est aussi de grands trésors naturels bien cachés au
sein des forêts surprenantes de l’arrière-pays.
La
Haute-Gaspésie, on y passe chaque
fois qu’on se rend au bout de la péninsule, en s’extasiant sur son décor plus
grand que nature. Mais on ne s’y pose rarement plus longtemps qu’une halte,
préférant bien souvent les voisins que sont Forillon ou Percé. Cette fois-ci, j’avais décidé de la découvrir d’un
bout à l’autre, de village en village, dans un roadtrip en solo. Ces municipalités, au nombre de huit, bordent la
côte nord de la région, offrent des panoramas magnifiques (et pas seulement maritimes comme vous le verrez ici) mais surtout,
elles ont confirmé ce que j’affirme depuis tant d’années : la Gaspésie est
sans doute le plus bel endroit du monde! J’espère donc que vous aurez autant de
plaisir que moi à les découvrir…
Dans le contexte actuel de cette deuxième vague Covid, je crois important de rappeler que les déplacements entre région ne sont pas recommandés mais j’espère quand même que cet article vous servira d’inspiration pour le futur!
Saint-Maxime-du-Mont-Louis
Les plages de la Haute-Gaspésie
Qui dit Gaspésie, dit nécessairement mer et plages! C’est toujours ce qui m’attire le plus dans la région, son accès privilégié avec la mer (ce qui n’est quand même pas courant au Québec). Il faut savoir qu’ici, les plages sont de sable noir et de galets ce qui ajoute irrémédiablement un air exotique à celles-ci. S’y promener à marée basse le matin ou en fin de journée, c’est la promesse d’un moment de paix à observer les oiseaux marins, à tenter de dénicher un crabe entre deux rochers ou à s’extasier sur la beauté d’un coucher de soleil. Ici, on refait le monde ou on reprend des forces pour les prochains mois (et je crois qu’on en aura tous bien besoin)! D’ailleurs, tous les villages de la Haute-Gaspésie possèdent des haltes en bord de mer, ne reste plus qu’à choisir où s’arrêter.
Mes
préférées? Celle de Saint-Maxime-du-Mont-Louis
où l’on se pose sur les tables colorées qui la bordent, un livre à la main ou
un pique-nique sur le siège arrière de la voiture. Ou celle de Mont Saint-Pierre avec sa vue
spectaculaire sur son mont emblématique d’où se lancent les parapentistes. Et
celle de Marsoui qui nous plonge
dans l’histoire de la région avec son petit parcours photos.
Marsoui
La rando en Haute-Gaspésie
La Haute-Gaspésie, c’est le paradis québécois de la randonnée! Sur ce seul territoire de plus de 5000 kilomètres carrés, on y retrouve 6 des 10 plus hauts sommets de la province, tous situés dans le Parc national de la Gaspésie (géré par la Sépaq). Ce parc d’ailleurs, il faut en parler. C’était la toute première fois que j’y mettais les pieds malgré mon intérêt pour la randonnée (mieux vaut tard que jamais). Dès que j’y suis entrée, j’en ai eu carrément le souffle coupé! Ici, c’est le massif des Chic-Chocs (qui signifie en langue micmac «barrière impénétrable») qui se déploie à perte de vue.
Le décor est
grandiose, fait de montagnes aux vallées escarpées sillonnées par la rivière
Sainte-Anne, qui peut paraître rude aux premiers abords avec la présence de la
toundra alpine mais qui se révèle aussi très accessible. Si vous
désirez vous dépasser par une rando exigeante, c’est l’endroit parfait. Les
monts Albert, Jacques-Cartier et Xalibu sont de grands chouchous des
randonneurs. Sur ses plus hauts sommets, vous risquez même d’y observer des
spécimens de la seule population de caribous au sud du fleuve. Mais si vous
préférez simplement profiter de la beauté des lieux, vous y trouverez également
votre compte. Le Mont Ernest-Laforce,
avec son petit dénivelé, son sentier qui se fait en moins de deux heures (incluant les pauses photos et lunch) et
sa vue à 360o, a sans nul doute le meilleur rapport effort/vue du
monde! On m’a soufflé à l’oreille que le Mont Olivine est aussi du même
calibre. J’y retournerai assurément pour tenter d’autres randonnées, ce parc
est un de mes plus gros coups de cœur cette année.
Sainte-Anne-des-Monts
et le Parc national de la Gaspésie
Si
je ne me suis pas lancée dans la quête des plus hauts sommets du territoire,
c’est que j’avais mis mes mollets à l’épreuve deux jours plus tôt! Petite
confession : je rêve de descendre le Mont
Saint-Pierre en parapente ou en deltaplane depuis des années mais je n’ai
pas encore trouvé le courage de le faire! Pour ceux qui ne le sauraient pas, le
village de Mont Saint-Pierre est reconnu comme la capitale de ces sports
aériens au Québec. Mais plutôt que de le descendre de façon extrême, j’ai
grimpé ses 430 mètres de dénivelé sur un petit 5 km (aller-retour). Oui, ça
monte raide mais au sommet, ce qui m’a le plus impressionnée (outre mon exploit personnel de ne pas avoir
rebroussé chemin), c’est d’admirer toutes les teintes de la baie vues de
là-haut. Un camaïeu de bleus et de verts dont le seul souvenir réchauffera
assurément l’hiver qui vient.
Mont Saint-Pierre
Apprendre en voyageant en Haute-Gaspésie
Ce n’est pas parce qu’on passe des vacances au bord de la mer que l’on doit faire l’impasse sur l’enseignement que peuvent nous apporter les lieux que l’on traverse. Surtout lorsqu’on va à leur rencontre de façon si originale!
À
La Martre, on m’a raconté le
fonctionnement du phare et l’histoire de ses gardiens pendant que je le
gravissais jusqu’à son dernier palier. La construction de ce phare remonte à
1906. Il est toujours fonctionnel et a conservé son système d'origine fait d'un câble et de
poids pour permettre la rotation de la lampe que le gardien devait activer,
nuit et jour, à toutes les... 3 heures! Et comme il habitait la belle maison
voisine, vous pouvez l'imaginer sortir de celle-ci, plusieurs fois par nuit en
plein hiver, pour actionner l'éclairage et peut-être aider un navigateur en
détresse…
La Martre
Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine possède peut-être un nom un peu surprenant à la redondance improbable mais le village recèle de petits trésors touristiques qu’on serait bien mal avisé de ne pas découvrir. Ici, votre premier réflexe sera sans doute de prolonger la route des phares pour vous arrêter au phare du Cap-de-la-Madeleine. Il n’est plus actif mais sa vue surplombant le barachois et son café gourmand méritent la pause. Mais il vous faut aussi poursuivre votre chemin juste un peu plus loin…
La
rumeur courait sur le site où j’étais hébergée (que je vous fais découvrir plus bas). Les voisins se passaient le
mot entre eux, discrètement, comme un secret qu’on n’ose éventer : « On vous a parlé de la passe migratoire de la
Zec ? Vous devriez aller y faire un tour »… Quand ça fait trois fois
dans la même semaine qu’on te mentionne l’endroit à demi-mots, ta curiosité demande
vite à être assouvie! Après avoir roulé lentement pendant une trentaine de
minutes sur un chemin forestier spectaculaire, j’ai atteint le site de la passe
migratoire de Grand-Sault sur la rivière
Madeleine. Là où les saumons font le... grand saut! Située sur le territoire de la Zec de la Rivière-Madeleine, il
s'agit d'une rare passe souterraine (et
la plus longue au monde) érigée sur le site d'un ancien moulin de pâtes et
papiers. Cette année, ce sont plus de 1600 saumons qui ont pu remonter la chute
par un système de couloirs et de trappes actionné par le gardien des lieux : un
record! La visite est très intéressante et le chemin pour y accéder longe le
tracé de l’ancienne voie ferrée qui menait alors à l’usine en place. Les voisins avaient raison de recommander l'endroit, ce fut un de mes coups de coeur!
Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine
Roadtrip en solo en Haute-Gaspésie
Il n’y a aucune crainte à avoir d’un roadtrip en solo en Gaspésie que vous soyez néophytes ou pas. Vous ne serez jamais dans le trouble, vous trouverez toujours de l’aide si nécessaire et ne serez jamais bien loin de la civilisation (je le dis surtout pour ceux qui ne connaissent rien de la région, hein). Bien sûr, il ne faut pas avoir peur de la solitude comme pour tout voyage en solo mais les gens du coin sont tous très accueillants, sympathiques et fiers de leur région et partageront avec vous avec bonheur un repas au comptoir d’un resto local ou leurs conseils sur leurs lieux préférés. N’oubliez pas aussi de traîner un peu de lecture si vous craignez les moments seuls.
Et puis, le grand plaisir du roadtrip en solo, c’est de pouvoir s’arrêter où bon nous semble, sans avoir à obtenir l’autorisation d’une tierce personne pour virer à bâbord toute lorsqu’on aperçoit une petite halte routière tentante au bord du fleuve (et ils sont légion par ici). C’est aussi pouvoir écouter la musique qui nous plaît sans se faire dire que c’est un peu kétaine (ça prend absolument un peu de musique kétaine des années ‘80 en roadtrip) ou même écouter la radio de région en parcourant la route! J’adore écouter ce qui se fait ailleurs en matière radiophonique lorsque je voyage au Québec, connaître leurs goûts musicaux qui souvent diffèrent d’une région à l’autre ou apprendre sur l’actualité régionale parce que les enjeux économiques, sociaux ou touristiques sont bien différents entre Montréal et Gaspé.
En
bonus, le roadtrip en solo permet, comme ce fut le cas pour moi, de pouvoir
prolonger le voyage d’une journée ou deux parce qu’il n’y a aucune obligation à
rentrer à la maison avant plusieurs jours et parce qu’on n’en a pas encore
assez de la Haute-Gaspésie!
Rivière-à-Claude
La Haute-Gaspésie en septembre
Cet été bien particulier a amené, on le sait tous, son lot de touristes sur toute la Gaspésie. Choisir de la visiter en septembre, pour ceux qui préfèrent le calme et se tenir loin de l’affluence des foules, est l’alternative idéale. Bien souvent, je me suis retrouvée à être la seule visiteuse des endroits rencontrés au fil de mes haltes improvisées et à profiter de visites guidées, de terrasses ou de plages pour moi toute seule.
Toutefois,
il ne faut pas oublier le facteur météo dans l’équation. Le vent du large peut
être bien froid en soirée et il faut être bien habillé pour profiter au mieux du
café du matin sur la terrasse. Je n’ai pas eu besoin de sortir tuque et foulard
mais il s’en est fallu de peu! Quelques jours plus tard et ça y était,
particulièrement sur les hauts plateaux des montagnes ou si j’avais préféré le
camping. Ne jamais partir sans vêtement chaud pour ne pas être pris de court (et ce conseil tient aussi, bien souvent, en
été).
J’ai
quitté la région en me promettant, comme toutes les fois où je m’y suis rendue,
de revenir me poser tout à l’est de la province. Plus je découvre cette
Gaspésie chouchou des québécois, plus je la trouve belle, inspirante, poétique
et réconfortante. Le jour du départ, il ne me manquait plus qu’un seul village
à ajouter à ce roadtrip. Reconnaissable de loin par ses moulins à vent des
temps modernes, fiers symboles de la municipalité, je ne pouvais faire
autrement que de m’approcher d’eux. Cap-Chat
fut, sans aucun doute, le parfait au revoir à ce territoire plus que parfait!
Cap-Chat
15$ par adulte / 8$ par enfant de 6 à 15 ans.
Où dormir en Haute-Gaspésie
Si je dois ne nommer qu’un seul endroit ayant fortement contribué à exacerber mon amour pour cette région, c’est bien le lieu où je me suis installée pour la majeure partie de ce séjour. Chez Camping Chalets Mer et Montagne à Sainte-Madeleine, on peut camper en roulotte ou en tente directement sur la plage, dormir en gîte mais surtout, réserver une cabine douillette et toute équipée avec balcon donnant sur la mer pour profiter encore plus et mieux de votre séjour. J’ai eu un véritable coup de foudre pour le site et ma cabine que je ne vous conseillerai jamais assez!
Cabine pour
deux : 75$ / Cabine pour 4 : 90$ / Roulotte : à partir de 75$ /
Emplacements de camping pour roulotte : à partir de 36$ (les terrains pour
tente avec accès au bloc sanitaire et les chambres en gîte ne sont pas
disponibles cette année, mesures sanitaires obligent).
Motel à la Brunante (Sainte-Anne-des-Monts) : Un motel tout ce qu’il y a de plus conventionnel mais aux chambres confortables, calmes et propres. Bien situé au centre de la ville, permettant de rejoindre facilement la route du Parc de la Gaspésie et à distance de marche de quelques restaurants et commerces de proximité.
125$ / la nuit (en haute saison pour une chambre standard de 2 lits doubles).
Auberge Sea Shack (Sainte-Anne-des-Monts) : L’auberge de jeunesse typique selon l’idée que l’on peut s’en faire (si on n’est pas des habitués des auberges de jeunesse) et bien connue des voyageurs de tout le Canada. Un lieu de rencontres festif et unique proposant chalets, maisons pour groupes, sites de camping sur la plage, bar, cantine et spectacles sur place. Un arrêt obligé pour tous les routards du monde!
Vu les mesures
sanitaires actuelles, les tarifs et durée minimale des séjours ont été revus et
ne reflètent pas nécessairement les services habituels. Portez attention à leur
site web pour plus d’informations.
Quelques adresses gourmandes
La Capitainerie des Deux Sœurs (Sainte-Madeleine) : Restaurant proposant un menu du terroir gaspésien mais aussi, de restauration rapide.
Atkins & Frères (Saint-Maxime-du-Mont-Louis) : Une boutique de produits fins de la mer fumés dans leur atelier et récipiendaires de nombreux prix.
L’Eau à la Bouche (Saint-Maxime-du-Mont-Louis) : Restaurant de fine cuisine régionale qui fait aussi office d’auberge et où fruits de mer et pizzas sont à l’honneur.
Auberge L’Amarré (Saint-Maxime-du-Mont-Louis) : Café-bistro (mais aussi auberge) avec un menu prêt-à-manger, une sélection de bières locales et une boutique d’artisanat qui se veut écologique et équitable.
Mont-Café (Cap-au-Renard à La Martre) : Un large choix de cafés de qualité du monde entier mais transformés localement. Également une boutique d’artisanat sur place.
Marie 4 Poches (Sainte-Anne-des-Monts) : Pâtisserie-boulangerie-confiserie où l’on voudrait tout goûter!
Restaurant L’Express (Sainte-Anne-des-Monts) : À Sainte-Anne-des-Monts, on vous conseillera sans doute une foule d’autres restaurants mais celui-ci, sans prétention, m’a offert l’un des meilleurs repas de mon séjour (pâtes, pizzas, burgers, menus du jour).
Vous poursuivez votre roadtrip jusqu’à Percé ? Ne manquez pas la chance de faire le plein de bonnes adresses dans cet article de l’an dernier!
► Incontournable Percé par ici.
VOUS AIMEZ ?
ÉPINGLEZ-MOI!
Mazette, on dirait que ça ressemble exactement au voyage que j'aurais aimé faire dans cette belle région du monde :-)
RépondreEffacerTu m'étonnes! Mais tu te reprendras! ;)
EffacerCe parc a l'air super Annabelle et j'adore ta photo de Goéland :)
RépondreEffacerToi qui aimes bien les escapades nature, je te vois parfaitement dans ce parc! Faut que tu reviennes pour découvrir ce coin du monde!
EffacerTrès intéressant et agréable à lire..!
RépondreEffacerMerci infiniment! J'espère que je vous ai fait découvert des villages méconnus!
EffacerWow, je viens de tomber sur vos articles et ils sont vraiment inspirants. Je demeure dans le Bas-Saint-Laurent depuis près de 30 ans et je tente de prendre la "route 132" vers la Gaspésie au moins 2 ou 3 fois entre mai et octobre depuis quelques années, et je n'en ai jamais assez. Passionnée de road trip en solo, de randonnée pédestre et de nature, j'ai noté avec grand intérêt vos informations sur les différents endroits que vous mentionnez. Il est certain que je vais en explorer (et redécouvrir) quelques-uns d'ici quelques semaines, ayant en effet réservé pour quelques jours en Haute-Gaspésie, et prévoyant retourner y faire au moins 2 autres road trip d'ici octobre. Merci pour vos précieuses informations et photos!
RépondreEffacerMerci beaucoup pour ces bons mots. Je vous envie d'habiter le Bas-Saint-Laurent, tout aussi beau et si près de la Gaspésie! J'y retourne d'ailleurs cet été!
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