lundi 16 mars 2020

Tout ce que j'ai appris à Lens en un week-end


Tout ce que j’ai appris à Lens en un week-end



La région des Hauts-de-France et moi, c’est une histoire d’amour particulière, chaque fois inattendue, placée sous le signe des amitiés étonnantes contribuant largement à mon plaisir d’y retourner. C’est aussi un apprentissage continuel où j’apprends à connaître cette région du nord par ses villes où l’on va trop peu, nous québécois, mais aussi par sa culture unique, par son Histoire fascinante et par ses ambassadeurs toujours si accueillants. Comme lors de mon dernier passage à Lille, tout a commencé par une invitation imprévue que je ne pouvais refuser, celle d’aller voir Lens. D’abord parce qu’elle tournait autour d’un événement où se retrouverait la principale raison de mon affection pour la région : mon irremplaçable gang d’En France Aussi! Mais aussi parce que je savais trop bien qu’il me restait tant à y découvrir. Voici donc, dans le désordre, tout ce que j’ai appris à Lens…


Lens ?

C’est tout à fait normal si vous vous demandez où se situe Lens. Non, vous ne manquez pas de culture géographique! Ici, lorsqu’on pense au nord de la France, on ne songe pas nécessairement à Lens. Facilement accessible pourtant, on peut rejoindre le cœur de cette petite ville d’un peu plus de 30 000 habitants par train directement de Paris en une petite heure seulement. L’endroit parfait pour sortir des sentiers battus!

Oh, j’oubliais! Sachez que si on vous parle de Liévin, il s’agit de la ville voisine, regroupée à Lens pour former l’agglomération Lens-Liévin qui s’étend sur toute la plaine de Lens. Et si ça ne vous dit toujours rien, vous verrez plus loin dans mon billet que vous connaissez cette région bien mieux que vous ne le croyiez…


Il faut aussi savoir qu’à la première guerre mondiale, la ville de Lens et une bonne partie de la région furent complètement rasées par les Allemands…


Une histoire de corons et de terrils

Oui, c’est tout à fait normal si vous vous demandez ce qu’est un coron ou un terril! C’est que le patrimoine minier est très présent à Lens et un peu moins chez-nous. Tout ce pan de l’histoire du nord est absolument passionnant. J’aurais continué pendant des heures à me faire raconter la vie des mineurs qui se déroulaient derrière les portes et dans les petites cours de ces maisons à l’architecture bien typique, souvent construites en bande, qu’on appelle les corons. Et toutes les images préfabriquées qu’avait pu m’inspirer le célèbre Germinal de Zola furent ici revues et corrigées.

Pour une visite guidée des quartiers ouvriers que je recommande fortement, informez-vous directement à l’office de tourisme de Lens-Liévin. Ne me reste plus qu’à apprendre l’hymne des corons qui retentit bien haut dans le stade adjacent de la mythique équipe de foot locale!




Les Lensois vécurent longtemps du charbon et habitèrent autour des fosses où les compagnies développèrent de véritables petites cités avec équipements collectifs (églises, écoles, services de santé) et quartiers d’habitation. Le bassin minier de la région est même inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Après la grande guerre et la destruction de la ville, plusieurs immigrants polonais vinrent s’ajouter à cette main-d’œuvre ouvrière et laissent, encore aujourd’hui, leur marque dans la région.


Vous ne pouvez les rater. Ils parsèment le paysage de Lens de leur ombre intimement liée au passé industriel de l’endroit. Lorsqu’on les aperçoit, on se demande instantanément ce que la nature a bien pu créer ici et lorsqu’on sait, on se questionne quand même! Même leur nom, on apprend à le prononcer. Il s’agit des terrils, on le prononce terri (comme fusil ou outil) et ils sont bel et bien l’œuvre des humains. Le lien avec le tourisme? C’est qu’ici, vous pouvez grimper au sommet d’un des deux terrils jumeaux pour voir le bassin minier autrement et on s’étonne dès lors de voir la nature reprendre ses droits sur ces collines noires.





Un terril est un amoncellement de résidus miniers accumulés au cours des décennies. Les terrils jumeaux de la fosse 11-19, situés plus précisément à Loos-en-Gohelle (à environ 3 km de Lens), sont les plus hauts d’Europe mais on en compte jusqu’à 340 dans la région. À leur base, on visite aussi les installations de l’ancien puits de mine, fermé en 1986 et devenu fleuron patrimonial et classé monument historique.


Découvrir le Louvre à Lens

Vous êtes parfaitement normaux si pour vous, le Louvre, ça se trouve à Paris! Mais à Lens, vous apprendrez rapidement que le Louvre a un petit frère et qu’il se trouve ici, le musée du Louvre-Lens. Inauguré en 2012 à l’emplacement d’une ancienne fosse, épousant le paysage minier à merveille, il est la fierté des habitants qui ont tous contribué, d’une manière ou d’une autre, à la ferveur de sa candidature et, parallèlement, au renouveau de la ville. On y conserve les trésors des caves du musée de Paris, loin des soubresauts de la Seine et on y présente 200 chefs-d’œuvre provenant des célèbres collections. La Galerie du temps, la salle de l’expo permanente, où l’on remonte le temps à travers les millénaires artistiques, est spectaculaire!




Jusqu’à la fin du mois de mars, vous pourrez peut-être voir (circonstances particulières obligent) l’exposition Kasimir Zgorecki qui suit le travail de l’artiste photographiant la vie des émigrés polonais de l’entre-deux-guerres. J’ai adoré! Et puis, jusqu’en juillet aura lieu l’expo Soleils Noirs où le noir du charbon de la terre lensoise rencontre l’Art avec un grand A. Intriguant n’est-ce pas ?


Apprendre à brasser la bière à la brasserie Saint Germain

Je confesse ici ne pas être une grande amatrice de bières. Mais lorsqu’on va dans le nord, c’est quasi-impossible de ne pas en boire une pinte ou deux! À la brasserie Saint Germain, située à Aix Noulette (ce que j’appellerais banlieue de Lens en autant que Lens puisse avoir une banlieue), j’ai tout appris sur le processus de fabrication de cet élixir. Des grandes cuves de fermentation jusqu’à la mise en bouteilles de leur Gamme Page 24, cette petite brasserie artisanale, misant prioritairement sur des ingrédients locaux, est l’endroit idéal pour s’imprégner de cette tradition régionale en goûtant d’abord le houblon sucré et en terminant par le produit fini. Et vous aurez, vous aussi, bien des questions en passant devant le vieil alambic…



La légende dit qu’au XIIe siècle, Hildegarde von Bingen, religieuse bénédictine devenue Sainte, ayant découvert les propriétés aseptisantes du houblon, écrivit un traité sur la bière (déjà, n’est-ce pas là une bonne raison d’être canonisée)?!? Toutefois, il semblerait que la page consacrée aux grands secrets de sa fabrication ait mystérieusement disparue. Et quelle était donc cette page? Et oui, la page numéro 24 (j’adore cette histoire)!


Tourisme de mémoire à Notre-Dame de Lorette

Ça reste tout à fait normal si vous n’avez jamais entendu parler du Mémorial 14-18 Notre-Dame-de-Lorette! Non, je ne parle pas ici d’un village du Lac Saint-Jean ou d’une église de Wendake! Je parle d’une colline, théâtre d’une triste histoire, celle de grandes batailles funestes entre soldats français et allemands entre 1914 et 1918. Dispersé sur trois sites, le mémorial est un lieu où l’on vient se recueillir, bien sûr mais aussi se souvenir, rendre hommage et se rassembler, pour différentes raisons…



On se doit de débuter la visite par la nécropole Notre-Dame-de-Lorette où 42000 soldats tombés au combat sont enterrés au pied de la basilique, sans distinction de rang, de nationalité ou de religion. L’image de ces nombreuses croix alignées est puissante. Ici, on a droit à une grande page d’histoire méconnue pour nous mais à ne jamais oublier.


Vous poursuivrez la visite à l’Anneau de la Mémoire, monument à l’architecture moderne et particulière où vous attend une leçon de fraternité. Vous y trouverez assurément le nom d’un ancêtre ou d’un possible cousin germain parmi les 580 000 mentions de soldats ayant versé leur sang sur les terres de toute la région. Ici, le mémorial semble nous dire qu’au fond, tous étaient frères d’armes et qu’on est tous égaux face à la mort.



C’était LA raison principale de ce voyage de presse. Le vernissage des copines blogueuses Paule-Élise et Hélène, les Deux Dames en Van, au centre d’histoire du Mémorial Notre-Dame de Lorette. Elles nous proposent jusqu’au 17 mai l’expo Vest Pocket Memories.

NOTE: Vu la situation sanitaire mondiale engendrée par le COVID-19 en ce printemps 2020 (on s'en souviendra longtemps), l'expo sera prolongée et de retour dès la fin de ce confinement et c'est une excellente nouvelle! Et en attendant, vous pouvez même en avoir un aperçu virtuellement parlant, en cliquant ici!




Ici, leurs photos prises sur les lieux de mémoire de la première guerre mondiale à travers toute l’Europe avec leur appareil Kodak Vest Pocket datant de la même époque et largement utilisé par les soldats au front, sont présentées dans un cadre absolument parfait. Courrez-y!



Crédit photo: Ines de Les Millet du 62

Ce que j’y ai appris? Que l’amitié de chacune des personnes qui composent l’équipe En France Aussi, souvent à des milles les unes des autres mais rassemblées par leur amour pour le pays (et la meilleure équipe du monde), m’est précieuse. C’est toujours un grand plaisir de vous retrouver et une fierté de vous représenter jusque chez-moi. Ici, la devise de Lens, « le sens de l’essentiel », prend tout son sens, ne trouvez-vous pas ?!?


Crédit photo: Ines de Les Millet du 62



Au cœur des tranchées à Vimy

C’est tout à fait normal si vous ne… Oups… Ha non! Là, avouez que ça vous dit quelque chose! C’est que l’on est presque en terres canadiennes ici! Qui plus est, l’image du Mémorial national du Canada à Vimy vous est particulièrement familière. Allez, sortez un billet de vingt dollars de votre poche pour voir! Il est grandiose ce mémorial et trône sur la crête de Vimy, visible à des lieux à la ronde. Le découvrir, comme moi, sous un ciel gris, décuple même l’émotion ressentie lorsqu’on prend toute la mesure de ces champs de bataille où se battirent des milliers de nos soldats.

C’est tout aussi émouvant de se transporter dans les tranchées et de descendre dans les souterrains où se déroulèrent batailles et planification. On imagine bien le courage des hommes mais aussi la peur et la panique qui devaient parfois surgir des tréfonds de ces galeries. Voir la proximité des tranchées allemandes et canadiennes nous fait visualiser avec grande surprise le défi qui attendait ces hommes de guerre. En plus, ce sont des guides canadiens qui nous font faire la visite et ils sont fort intéressants.




La bataille de la crête de Vimy s’est déroulée en avril 1917. Pendant 4 jours, les soldats canadiens tentèrent de reprendre la crête des mains des allemands avec succès. Le monument et les lieux reboisés rendent hommage aux sacrifices faits par nos 66000 soldats morts sur les champs de bataille français au cours de cette guerre.


INFOS PRATIQUE


On dort où ?

L’Heure bleue : Située à moins de 10 km de la gare de Lens, à Givenchy-en-Gohelle. Une ancienne maison de ferme transformée en magnifique maison d’hôtes. J’ai trop bien dormi dans le calme de l’un des grands gîtes proposés et les petits-déjeuners sont exquis!




Hôtel Louvre-Lens : Ici, c’est chic et moderne et incroyablement surprenant lorsqu’on apprend que l’hôtel est, en fait, d’anciens corons reconvertis. Parfait pour rayonner sur toute la région!




On mange où ?

La Baraque à frites : Après la bière, le nord est reconnu pour ses frites. On vient à la baraque comme nous à la patate du coin. Mais ici, on apporte un grand saladier pour y mettre ses frites et on y ajoute de la fricadelle.


À l’Potée d’Léandre : Un estaminet bien sympathique aux saveurs régionales. Carbonnade ou potjevleesch pour les carnivores, plats aux Maroilles pour les amateurs de fromages, on sort d’ici bien repu!



Mets et Histoires : Le nouveau-né de la région situé directement sur le site du Centre d’histoire du Mémorial de Notre-Dame-de-Lorette. Un cadre idyllique avec vue sur la plaine au loin. Une belle carte qui, tout comme le service, reste à peaufiner mais un endroit qui promet.



Comme chez Babcia : Parce que la culture polonaise est bien présente par ici, on s’en immerge complètement dans ce restaurant familial à l’ambiance festive et on découvre une cuisine authentique et copieuse. Avouez qu’une soupe aux cornichons et un plat de bigos ça pique votre curiosité?


On sort où ?

La Maison des Projets : Nouvel endroit à la mode, c’est à la fois un café, un bar, un lieu de création et de travail et une salle de concerts.


La Loco : Pour un verre de fin de soirée, dans une atmosphère conviviale, c’est l’endroit idéal.


Encore plus de Lens ?


Et tous les articles des copines présentes à ce fabuleux week-end à suivre sur la page du collectif En France Aussi par là!



Lens se réinvente de belle façon depuis quelques années. On le sent et on le ressent partout et la région nous offre tellement. Vous passez en France dans les prochains mois ? Vous devriez penser à ajouter ce coin de pays à votre itinéraire. On aime bien aller voir de plus près les lieux importants des grandes guerres et Lens devrait être pour vous un incontournable. Pour moi, ce fut la découverte mémorable d’une page d’histoire passionnante et d’une culture diversifiée. Imaginez lorsqu’en plus, on enveloppe tout ça de l’accueil typiquement chaleureux des gens du nord!

Encore mieux, vous savez quoi ? On m’avait presque fait peur avec le nord en février et pourtant c’était une période parfaite, loin des foules (et bien moins froid qu’ici)! À cette chère Chacha, fille du pays et à ces toujours attachants Hauts-de-France, je vous avais promis la première fois de revenir dans votre région un de ces jours. J’ai tenu parole. Et je réitère ma promesse aujourd’hui!




J’ai été reçue gracieusement pendant tout ce week-end par l’office de tourisme de Lens-Liévin et je l’en remercie infiniment. Florence et Sarah (vous passerez leur dire bonjour) ont été d’une gentillesse dont je me souviendrai longtemps. Les opinions émises ici restent toutefois fidèles à ma pensée.


Direction Lille maintenant par ici pour mieux explorer la région! Ou peut-être préférez-vous les premiers balbutiements de mon dernier voyage au Portugal par là!


VOUS AIMEZ ? ÉPINGLEZ-MOI!



vendredi 6 mars 2020

De Lisbonne à Porto ~ chroniques portugaises : Lisbonne



De Lisbonne à Porto
chroniques portugaises

Première partie : Lisbonne

Un dimanche soir de janvier, aéroport de Montréal, je quitte pour le Portugal et je ne suis même pas encore convaincue que j’ai vraiment envie de m’y retrouver. Je ne connais que trois mots de portugais, pas tellement plus à propos de son Histoire et de sa gastronomie (que voulez-vous, c’est toujours ce qui m’attire d’abord dans les contrées que je visite) et j’ai plein de préjugés sur cette région du monde. Je crains tellement que ce soit envahi de touristes. J’ai l’impression que tout le monde va (trop) là, peu importe la saison et ça, c’est pas toujours compatible avec moi! En plus, lors de l’escale à Toronto, tout le personnel porte le masque. Vraiment? Mais bon, il est un peu tard pour reculer alors allons voir si le Portugal peut finalement réussir à me vendre du rêve…

À ce moment-ci, je sais que vous vous demandez pourquoi j’ai choisi d’aller passer une dizaine de jours au Portugal, de Lisbonne à Porto. Sachez qu’après avoir fait quelques recherches sur les destinations européennes qui entraient dans mon budget (parce que je dois retrouver des amis à Paris en février), le Portugal était le pays pour lequel le billet d’avion était le moins cher (fin de la justification de cette entrée en matière peu invitante mais si vous cherchiez de l’authentique, en vlà)!


Lisbonne

Arrivée à Lisbonne sous un ciel gris et une petite bruine (rien pour l’instant qui m’envoie du rêve ^^). Heureusement, le métro est tout simple et je rejoins facilement mon auberge. Ah! Ça semble plutôt convivial ici. En attendant que ma chambre soit prête, on me conseille la visite d’un musée pas très loin qui, selon le garçon à la réception, serait le musée le plus intéressant en ville (particulièrement lorsqu’il pleut). Mais pour l’instant, je ne rêve que d’un café pour mieux débuter ce séjour et ça tombe bien, il y en a un au coin de la rue. Bon, comment je commande ça en portugais un café? Tiens, la fille devant moi a un café au lait qui semble parfait. Je veux la même chose. On dit ça comment café au lait dans votre langue? Cafe galāo. Vendu! En prime, le café ne coûte qu’un seul euro, il est divin et le boire sous le grand parasol de la terrasse fait beaucoup de bien au cœur de l’hiver. Déjà, Lisbonne me semble plus engageante…




La Fondation Calouste Gulbenkian c’est la collection personnelle d’un ancien magnat du pétrole. Art égyptien, gréco-romain, perse, oriental, européen. Une chose est sûre, il avait des goûts éclectiques! Je craque pour les céramiques chinoises du XVIIe et les enluminures françaises.


Un premier matin à Lisbonne sous le soleil, ça s’annonce déjà mieux! Quelques minutes en métro et je me retrouve au cœur du quartier historique Alfama, l’un des plus anciens de la ville, bâti sous la domination musulmane de Lisbonne (vous savez maintenant d’où vient le «Al» de Alfama, de rien)! Il faut savoir qu’une bonne partie de la ville fut détruite lors du grand tremblement de terre de 1755 mais qu’ici, les bâtiments résistèrent plutôt bien. Ça monte, ça monte et ça redescend.






J’ai bien prévu me rendre au château, tout au sommet de la colline mais pour l’instant, je me perds avec délice au hasard de ses rues labyrinthiques (et puis bon, je l’avoue, je ne trouve pas vraiment mon chemin non plus et j’adore ça)! Impossible de ne pas s’arrêter aux miradors pour admirer les différents points de vue. Lisbonne m’y apparaît colorée d’un côté, fluviale de l’autre et toujours sincère. Elle ne cherche pas à se faire aimer à tout prix. Elle se présente telle qu’elle est. Parfois paumée mais sans se dérober à sa condition, parfois insaisissable nous donnant le sentiment d’en vouloir un peu plus (et probablement exaspérante mais assumée en d’autres saisons) et elle semble nous dire : «me voilà, alors, tu m’ouvres les bras ou pas» ?





Bien installée sur ses sept collines, c’est devenu un incontournable de voir Lisbonne par ses miradouros, les belvédères disséminés dans ce paysage vallonné. Chacun offre une vue remarquable sur la ville et possède un kiosque où se restaurer et prendre la pose. Mes favoris ? Celui de Santa Luzia et son voisin, celui de Portas do Sol pour la vue sur le fleuve apaisant et celui du Parque Eduardo VII pour prendre toute la dimension de la ville (et tomber sur une œuvre de Botero de l’autre côté de la rue).


Je redescends un peu (il me semble être déjà passée par ici) puis j’aperçois cet arbre aux racines enchevêtrées et peu communes. Je sors l’appareil-photo en me disant que ça serait bien si le tram passait juste à côté. Oh tiens! Lisbonne me donne ce que je demande. Parfois, il s’agit de peu pour que le coup de cœur s’installe tranquillement…


C’est le transport le plus authentique de Lisbonne qui dessert les quartiers historiques. Son plus célèbre représentant, le tram 28, brinquebalant à souhait, est toutefois fort achalandé. La meilleure astuce est sans doute de le prendre au tout début de la ligne.


Deux heures plus tard, j’atteins finalement le château Sāo Jorge. Léger détour pour découvrir un pan de l’histoire du pays. Du haut de sa colline, dominant toute la ville, je comprends bien l’importance stratégique qu’il a du avoir au cours des siècles pour les peuples qui l’ont défendu. Devenu palais royal puis caserne et prison, c’est toujours un sentiment indéfinissable de marcher sur ces vieilles pierres et d’aller fouiner dans tous les recoins en imaginant croisés ou rois déambuler sur ses murailles.




«Devenu palais royal puis caserne et prison, c’est toujours un sentiment indéfinissable de marcher sur ces vieilles pierres et d’aller fouiner dans tous les recoins en imaginant croisés ou rois déambuler sur ses murailles.»


Bon, il faudrait bien que je rentabilise un peu mieux ma Lisboa Card maintenant. Ça tombe bien, je me suis arrêtée le temps d’un verre de vin sur la Praça do Comércio, juste à côté du Lisboa Story Centre où, grâce à ma carte, l’entrée sera gratuite. On m’y raconte d’abord l’histoire des grands navigateurs portugais et de leurs périples sur la planète que je connaissais déjà. Mais plus la visite avance et plus je découvre l’âge d’or de Lisbonne et la vie lisboète au moment où elle acquiert son statut de ville la plus riche du monde. Encore mieux, j’apprends tout sur l’importance du tremblement de terre de 1755 (vous saviez qu’il s’agit probablement du tremblement de terre qui a connu la plus forte intensité de l’histoire de l’humanité?) et l’existence du marquis de Pombal qui prit en main la reconstruction de la ville. L’Histoire du Portugal est bien plus intéressante que je ne le croyais!





Cette Place du Commerce, ravagée ce jour fatidique de novembre 1755, je ne la vois plus du même œil. Curieuse de voir maintenant le quartier Baixa, complètement démoli et rebâti selon les plans du fameux marquis, j’y passe faire un petit tour de ses rues dorénavant bien quadrillées. L’atmosphère est plutôt cool ici, jeune et moderne. Tout comme ce marché, temple de la gastronomie portugaise, que j’aperçois de l’autre côté de la rue (promis, je vous reviens sous peu avec un petit guide gastronomique et mes bonnes adresses). C’est décidé, on termine la journée ici, à l’endroit où je me rends compte que moi et les accents, ça fait deux, surtout lorsque j’essaie bien fort de commander mes assiettes en portugais et que le serveur me répond… en français! Saúde!




Un peu partout à Lisbonne mais aussi au Portugal, impossible de ne pas remarquer la présence de tous ces azulejos, ces carreaux de faïences décorés et agencés pour représenter scènes historiques ou de la vie quotidienne ou simplement quelques motifs abstraits ou géométriques. Généralement bleus et blancs, selon la technique rapportée par les Maures, ces célèbres carreaux se sont aussi raffinés et colorés au cours des siècles. De véritables œuvres d’art que l’on retrouve tant comme revêtement extérieur que comme élément décoratif à l’intérieur des maisons. On peut même visiter le Musée National des Azulejos.


Un autre jour à Lisbonne où je m’éloigne un peu du centre. Direction le quartier de Bélem pour suivre les traces des grands explorateurs du passé. On m’avait dit de descendre à l’arrêt de bus dès que j’apercevrais le monument aux Découvertes. En effet, il faut être bien distrait pour rater les monuments emblématiques du quartier dont, également, la Tour de Bélem. On dit de cette construction militaire qu’autrefois, elle se dressait au beau milieu du Tage mais que le tremblement de terre de 1755 ayant modifié le cours du fleuve, elle se retrouva ensablée et rattachée à la terre…





Le fameux monastère des Hiéronymites (j’aime mieux l’appeler dans la langue portugaise, le monastère des Jerónimos, c’est plus simple à retenir) se trouve juste à côté. Allons-y! À voir les longues allées cernées de cordons pour concentrer les files d’attente, il doit parfois avoir bien du monde par ici. Mais là, au milieu de l’hiver, je suis la 3e en ligne et très heureuse (j’haïs les files d’attente)! Entre le monastère et moi, c’est un coup de foudre instantané. Son cloître est certainement le plus beau que j’ai vu de ma vie et le faste de ses détails sculpturaux me laisse le souffle coupé. Ici, je prends toute la mesure de l’ancienne toute-puissance du pays.





Le Monastère des Hiéronymites (ou mosteiro dos Jerónimos) fut érigé dès 1502 par le roi Manuel I grâce aux richesses amassées par le royaume avec le commerce des épices pour accueillir l’ordre des Hiéronymites. Les marins venaient y chercher protection avant leur départ pour des contrées lointaines. On y retrouve d’ailleurs le tombeau de Vasco de Gama (et de plusieurs membres de la famille royale).


À ma sortie du monastère, je m’attarde encore un peu sur son parvis pour admirer ses tours magnifiquement ouvragées avant de retourner me poser près du fleuve, hypnotisée par le va-et-vient des mouettes, jusqu’à ce que mon estomac me fasse signe. Je m’attable rapidement au premier restaurant rencontré, à quelques mètres du passage incessant des touristes. Oui, je sais, ces endroits trop bien situés sont rarement gage de qualité. Mais même si la terrasse et les sardines dans l’assiette du client qui s’y trouve me font envie, je ne me fais pas trop d’illusions. Au moment où mes sardines grillées et ma carafe de vin atterrissent devant moi, c’est alors que la révélation se fait! Mon dieu que l’on mange bien au Portugal, partout et pour tellement pas cher! L’Europe de l’ouest encore plus abordable que le Québec, je peine à y croire et pourtant.




Encore une journée à Lisbonne demain. J’hésite. Je poursuis mon exploration de cette ville qui me surprend agréablement et qui s’avère finalement un coup de cœur bien sympathique ou j’embarque dans un train pour découvrir sa région? Bah! On verra bien au réveil. Ferais-je le bon choix? C’est ce qu’on verra dans ma prochaine chronique…


INFOS PRATIQUES


Hébergement testé : Chalet d’Avila Guest House

Une auberge conviviale et accueillante avec de grande chambre privative. $48 CAN la nuit (déjeuner compris). Idéalement située, juste en face de la station de métro Saldanha (transport direct de l’aéroport et jusqu’aux quartiers touristiques). N’hésitez pas à vous renseigner à la réception pour plus d’infos sur votre séjour, on y donne d’excellents conseils. Et les déjeuners sont certainement parmi les plus délicieux et copieux que j’ai connus en auberge!





Transport en commun illimité (incluant les trams et les ascenseurs et le train pour Sintra et Cascais).

Entrées gratuites pour plusieurs monuments et musées de Lisbonne et Sintra (dans cet article : Lisboa Story Center, la Tour de Bélem, le Monastère Hiéronymites mais pas pour le château Sāo Jorge) et réduction pour une soixantaine d’attractions (dont le Musée Calouste Gulbenkian).

Tarif : 20€/24 heures, 34€/48 heures, 42€/72 heures (disponible dans les offices de tourisme dont celui de l’aéroport).

À moins d’être très actif en peu de temps et d'avoir le temps d'inclure Sintra dans le forfait, il est difficile de la rentabiliser.



Météo de janvier

Non, ce n’est pas l’été. Oui, c’est souvent plus gris. Mais outre mon arrivée sous la pluie, j’ai vu le soleil qui fait rapidement monter le mercure jusqu’à 18o et qui permet de dîner en terrasse le midi. Et puis, être hors-saison, ne pas faire la file nulle part et payer son vol bien moins cher, est nettement un avantage!


Transport

J'ai voyagé avec Air Transat: Vols toute l'année de Montréal (escale à Toronto en hiver, vol direct en été). Possibilité de multi-destinations (arrivée à Lisbonne et départ de Porto ou Faro). Dans mon cas, je suis repartie de Paris. Prix payé pour l'aller-retour: $648 CAN.


Je ne vous ai pas parlé de restaurants et de gastronomie portugaise volontairement. Je reviendrai avec un article complet parce que j’ai beaucoup trop de bonnes adresses à partager avec vous!



Pour poursuivre jusqu'à Sintra et Peniche, c'est ici!

Mon article sur le Portugal gourmand est ici!

Et pour aller à Porto, on clique ici.

Vous poursuivez votre voyage vers l’Espagne? Vous trouverez de quoi faire en cliquant ici mais aussi par ici!


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